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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 mars 1873

Guernesey, 16 mars [18]73, dimanche matin, 8 h.

Et toujours de la pluie !
Cet épigraphe est de rigueur depuis plus de six mois, mon pauvre grand bien-aimé, ce qui ne te fait pas rire mais ce qui ébaudit le caissier de Marion de Lorme [1], il y a compensation. Ce qui me réjouirait jusqu’au fond du cœur en ce moment, ce serait de savoir que tu as passé une bonne nuit. En attendant que cela me soit prouvé, prouvé, prouvé, je désire que tu ne te réveilles pas avant la fin de cette bourrasque de pluie qui te transpercerait jusqu’aux os si tu t’avisais de te montrer sur ton toit maintenant. Je te supplie de ne pas faire ce double emploi d’hydrothérapie [2].
eureka !!! J’ai enfin trouvé ce que j’avais oublié depuis trois jours : de marquer les 24 [illis.] que je t’avais donnés pour payer la doublure de ta robe de chambre. Heureusement je m’en suis souvenue à temps pour n’avoir pas maille à partir avec ma comptabilité de mars.
Bon ! Au moment où je me réjouis de mon effort de mémoire tu me passes sous l’aquilin, 8h. ¼, et je n’y ai vu que gouttes… de pluie. Pas de chance la pauvre vieille Juju ! C’est bien la peine de tenir ses yeux et son âme en arrêts pour manquer son coup comme un vieux fusil sans chien. T’es vilain ! non, tu n’es pas vilain, c’est moi qui suis une bête ; car je suis très contente, au contraire, que tu aies passé assez vite pour n’être pas trempé comme une soupe. Je t’en remercie, loin d’en être fâchée, et je voudrais même obtenir de toi de t’abstenir de paraître à ce cher rendez-vous les jours comme celui-ci. Jusqu’à présent je n’y ai pas réussi mais tu serais bien gentil de m’obéir chaque fois qu’il fera mauvais temps, je t’en serai reconnaissante de tout mon cœur qui t’adore.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 72
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Marion de Lorme est repris au Théâtre-Français depuis le 10 février.

[2Hugo a pris l’habitude, depuis l’exil à Guernesey, de s’asperger d’eau froide sur son balcon à son lever.

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