Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1873 > Mars > 10

10 mars 1873

Guernesey, 10 mars [18]73, lundi matin, 7 h. 40 m[inutes]

Que tu es bon pour moi, mon adoré bien-aimé ! Pour me donner tous les jours la suprême joie de te voir pendant une minute tu braves tous les temps : le vent, la pluie, la grêle et tu risques ta santé ce qui est le comble de l’imprudence et de la sublime bonté ! Je voudrais pouvoir t’empêchera de me donner cette marque de tendresse dont je suis cependant bien heureuse et bien reconnaissante mais qui trouble ma conscience chaque fois que tu exposes ta chère santé qui est ma vie. Jusqu’à présent cela nous a réussi mais tant va l’amour à l’eau qu’il finit par s’enrhumer et même s’enrhumatiser, dit la sagesse des nations. Bon ! Voilà Suzanne qui me hèle pour prendre mon bain qui m’attend. Je te quitte à regret pour te revenir tout à l’heure.

Midi ¼.

Qu’est-ce que j’apprends, mon grand petit homme ! Les voleurs sont venus chez toi cette nuit ? Ce sera la quatrième ou la cinquième fois au moins que cela se produit dans ta maison depuis que tu habites ces îles charmantes mais pillardes et voleresses comme des forbantes qu’elles sont. Il parait que la pauvre Broisine y a perdu ses deux plus beaux châles plus l’argent de la maison destiné à la dépense quotidienne et quelques provisions de bouche. J’en passe et des meilleurs [1] c’est-à-dire une croix d’or et une bague idem appartenant à la pauvre femme. Ce dernier vol ressemble beaucoup à celui dont tu as été victime du temps de Marie Sixty. Il est tout à fait taillé sur le même patron et exécuté de la même façon, ce serait à croire que ce sont les mêmes individus. C’est le cas ou jamais d’appliquer ta fameuse théorie philosophique : les petits malheurs vaccinent les grands. Moi j’ajoute celui-ci : ferme ta porte et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 66
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « t’enpêchera ».

Notes

[1Cette citation d’Hernani était déjà célèbre.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne