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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 juillet [1846], dimanche après-midi, 1 h. ¼

Cher petit homme, je pensais que M. Vilain viendrait de très bonne heure ainsi qu’il en avait demandé la permission [1], aussi me suis-je dépêchée à faire nettoyera la maison et à m’habiller avant de t’écrire, pour n’être pas en retard. Jusqu’à présent personne n’est encore venu et j’en suis pour mes frais de diligence. Comment vas-tu, mon adoré, et comment m’aimes-tu ? J’attends que tu m’apportes toi-même la réponse ; en même temps, je te ferai ma profession de foi sur le même sujet. Je peux même prendre l’avance et vous avouer que je vous aime plus que jamais et que vous êtes mon Victor charmant et ravissant que je baise en pensée et en désir, ne pouvant pas faire mieux.
Je remarque avec tristesse que la fin de la session ne m’a pas apporté grand bénéfice car je ne vous vois pas davantage qu’avant, au contraire. Si j’osais, je grognerais bien fort mais je n’ose pas, dans la crainte de vous éloigner encore plus de ma pauvre vieille personne. Si je connaissais un moyen de vous faire venir pour ne pas me quitter, quel qu’il soit, je l’emploierais sans scrupule, quitte à ce que vous enragiez tout le temps. Voilà comme je suis bonne et comme je vous aime. Qu’en dites-vous ? Que je vous entende, vilain, vous verrez ce que je vous ferai.
Mon cher petit homme adoré, je ris pour te plaire mais j’y réussis bien mal. Je ne parviens, après bien des efforts, qu’à te dire de plates niaiseries ridicules. Si je ne craignais pas de t’attrister, mon pauvre doux être, je me montrerais comme je suis en réalité, mais je ne veux pas t’affliger. Je ne le veux pas absolument. Je veux te sourire de mon mieux et te dire bien tendrement que tu es mon Victor adoré que je désire, que j’attends, que je baise et que j’aime de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16363, f. 223-224
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette

a) « nétoyer ».

Notes

[1Juliette pose pour le sculpteur.

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