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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 20 août 1859, samedi, 5 h. ½ du m.

Bonjour mon grand, mon doux, mon vénéré, mon adoré bien-aimé, bonjour. Tu vois par l’heure à laquelle je te donne ce bonjour que j’ai bien peu dormi car pour me lever aussi ce matin il m’a fallu rien moins que l’insomnie persistante pour me chasser hors du lit. J’espère que la journée me calmera un peu les nerfs que j’ai très agités. Du reste, mon bien-aimé, je n’ai pas plus de bretons [1] qu’hier. Je ne les attends plus maintenant que par Jersey. Cela donnera le temps à Suzanne d’installer un peu plus leur logis. Quant à moi, je suis si patraque que c’est tout ce que je peux faire que de les attendre le [rébus du cœur sur la maina]. Mais auparavant j’ai voulu commencer ma journée par te donner mon âme. Et puis je tenais à consacrer ma chère petite table, qui est décidément très jolie en dehors de l’autographe précieux qui me la rend chère [2]. Malheureusement, je crains qu’il ne résiste pas longtemps au frottement du buvard et aux tâches d’encre dont tu as déjà inondé les abords hier au soir. Mais dès qu’il aura besoin d’être ravivé, je te prierai de repasser la plume dessus. En attendant je suis bien fâchée de n’avoir pas lu ta lettre hier avant ton départ. J’espérais que tu serais resté plus longtemps et j’attendais impatiemment que l’encre fût séchée pour te demander la permission de la lire. Si j’avais su que tu me quitterais si tôt, je n’aurais pas été aussi discrète ; heureusement que je dois la copier tantôt. En attendant je te baise de toutes mes forces.

BnF, Mss, NAF 16380, f. 190
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) Dessin d’un cœur sur une main, pour signifier « le cœur sur la main ».

© Bibliothèque Nationale de France

Notes

[1M. et Mme Koch, beau-frère et sœur de Juliette, arriveront le jour-même à Guernesey.

[2Victor a offert à Juliette la table de son look-out avec cette inscription : « Je donne à Mme J. D. cette table sur laquelle j’ai écrit La Légende des siècles. V. H. Guernesey. 16 août 1859 ». (Carnets de Guernesey, Agendas, CFL, t. X, p. 1488).

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