Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1877 > Avril > 23

23 avril 1877, lundi matin, 11 h. 15

Ce n’est pas à la lune que j’aboie, mais au soleil qui ne paraît pas s’en émouvoir beaucoup jusqu’à présent. Aussi je retire ma proposition de promenade au moins pour aujourd’hui, plus tard nous verrons. En attendant je te laisse à tes travaux et à tes tramways. J’hésite même à te rappeler le citoyen Bolivar-Darra et son ami Machaceano. J’ai bien assez de mes propres embêtements sans ajouter à ceux que tu pourrais avoir. Je préfère te laisser tout entier aux petites aventures printanières qui s’offrent à toi depuis quelques jours. Voilà près d’une heure que je médite là-dessus sans pouvoir trouver un mot à ajouter si ce n’est que je me sens envahir par une indifférence profonde et stupide. Je regarde s’achever tristement le tison qui fume en ce moment dans ma cheminée pendant que mon bête de cœur continue de flamber. Décidément j’ai la gaieté maussade et je ris du ton dont on a coutume de pleurer, ce qui est le comble du ridicule assommant. Heureusement que tout se passe à la cantonade et que tu as le droit de ne pas t’en apercevoir. D’ici ce soir j’aurai le temps de me débarbouiller de mon ennui et celui de me parer de toute la gaieté factice exigée par le règlement. À ce soir donc gaieté, plaisir et bonne humeur.

Médiathèque La Clairière de Fougères, Ms 95
[Jean-Luc Mercié, Les Nouvelles littéraires, 23 mars 1967]
Transcription de Florence Naugrette

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne