Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1857 > Juin > 27

27 juin 1857

Guernesey, 27 juin 1857, samedi après-midi, 3 h.

J’ai bien de la peine à remonter sur ma bête [1], mon cher petit homme, surtout depuis ma fameuse culbute. On dirait que ce ridicule accident m’a rendue encore plus stupide que je n’étais auparavant ; c’est au point que, toutes les forces de mon cœur et de mon âme réunies, c’est à peine si je parviens à soulever cettea atmosphère de bêtise qui pèse sur mon amour de tout son hideux poids. Quel bonheur te voilà….. Je n’aurais pas mieux demandé que d’aller t’attendre à la sortie de ton bain, mon cher petit homme, mais je suis si patraque que je crains de m’aventurer seule hors de chez moi. Ce soir si tu veux nous essayerons de reprendre notre petite promenade habituelle. En attendant, je fais tout ce que je peux pour rentrer dans ma restitus. Je t’aime, mon Victor, malgré tous mes bobos. J’espère que tu n’en doutesb pas, jamais. Pardonne-moi d’être si souvent maussade et aime-moi si tu veux que je guérisse bien vite et que nous redevenions heureux comme autrefois.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 113
Transcription de Frédéric Gillmann assisté de Florence Naugrette

a) « cet ».
b) « doute ».

Notes

[1D’après Littré, « bête », en ce sens, signifie : « Somme qu’on dépose quand on a perdu un coup et qui reste au jeu pour celui qui gagnera. Remonter sur sa bête, gagner le coup après celui où on a fait la bête et reprendre ce qu’on avait perdu ; et figurément, réparer une perte, un mécompte, une mésaventure. »

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne