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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 11 novembre 1854, samedi matin, 10 h. ½

Bonjour, mon bon petit homme, bonjour, mon tout adoré, bonjour. Je ne veux pas m’en aller au marché avant de t’avoir donné mon cœur à garder ! C’est bien assez pour moi d’y traîner le souci de mon informe Balthazar plus menaçant et plus redoutable pour moi que celui Babylonien. Décidément je n’ai pas la bosse de la victuaille, je l’avoue à ma grande honte et à mon grand regret car c’était la seule chance que j’avais de vous être agréable de temps en temps. Peut-être qu’à force de bonne volonté et d’efforts je finirai par suppléer à cette imperfection de ma stupide nature. Je vais déjà m’y exercer aujourd’hui. C’est pour cela que je me dépêche de vous barbouiller de mon amour comme si vous deviez vous en lécher la barbe quand, au contraire, vous avez l’esprit de n’y pas goûter et l’adresse d’oublier dans les coins mes tartines plus ou moins rassises. Du reste je n’ai pas le toupet de vous en faire reproche, bien loin de là j’ai l’impartialité spartiate de vous en féliciter. Telle est ma force. Quitte à bisquer en dedans et à ravaler mon âme toujours prête à s’élancer vers vous. En attendant qu’il vous plaise de vous montrer sur mon horizon, je vous envoie une volée de baisers à tire-d’ailes.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 381-382
Transcription de Chantal Brière

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