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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 2 juillet [18]77, lundi matin, 11 h.

Je crains que notre dîner Ledoyen [1] ne soit tombé dans l’eau, mon cher petit homme, à moins que le temps ne se relève à midi, ce qui me paraît douteux. J’attendrai que vous vous décidiez, toi et Mme Lockroy, pour faire faire à dîner ici, ce qui sera bien dur pour ces pauvres filles qui comptaient se reposer au moins toute la soirée. Cependant, si la force majeure l’exige, il faudra bien qu’elles en prennent comme nous leur parti. Mais c’est égal, c’est n’avoir pas de chance, pour une pauvre petite fois que nous tentons cette aventure de dîner hors de chez nous cette année, de tomber sur un vilain temps pluvieux, maussade et triste. Oui, mon cher petit bien-aimé, tu as reçu deux lettres de tes deux nièces, aussi différentes dans leurs sentiments et leur rédaction que l’est leur situation vis-à-vis du monde mondain. Mais s’il me fallait choisir entre les deux, je donneraisa la préférence à l’humble et douce sœur de Tulle [2] à l’altière comtesse en rupture de mariage [3]. Fichtre, quelle femme ! Heureusement que cela ne nous regarde pas et que ce que je te dis n’est que pur bavardage. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 177
Transcription de Guy Rosa

a) « donnerai ».

Notes

[1Le restaurant Ledoyen était (et est encore) situé dans les jardins des Champs-Élysées. L’établissement, avait ouvert en 1779, avait été loué à Antoine-Nicolas Doyen (dit « Ledoyen ») en 1791. En 1877, l’établissement était dirigé par Pierre Balvay.

[2Hugo note le même jour : « Reçu de Marie Hugo, de Tulle, une caisse de cadeaux pour Georges et Jeanne. » (Carnet, CFL, t. XV-XVI, p. 888). Marie Hugo, devenue carmélite après son veuvage prématuré, n’est pas la nièce, mais la cousine germaine de Hugo, de trente-deux ans sa cadette. À cause de cette différence d’âge, Hugo la considérait davantage comme une nièce que comme une cousine.

[3Il s’agit vraisemblablement de Marie-Jeanne Solliers, épouse de Léopold Hugo, neveu de Victor Hugo. Elle était réputée volage. Du côté de sa belle-mère, dans la famille Duvidal de Montferrier, on était très attaché aux titres de noblesse.

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