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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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6 mai 1838

6 mai [1838], dimanche matin, 11 h. ¾

Bonjour mon cher bien-aimé. Bonjour mon joli petit homme chéri. Comment vas-tu ? Moi je t’aime. Voilà ma santé, elle est très bonne. Il fait bien beau mon amour et j’envie bien Nanteuil et son voyage. Nous aurions été si parfaitement heureux si nous avions pu prendre la diligence ou tout autre véhicule pour nous transporter loin de ce hideux Paris où tu n’as que le temps de travailler et moi celui de t’attendre. Je suis bien prèsa d’être au désespoir quand je pense que nous resterons chacun de notre côté tout cet été sans faire la moindre petite excursion. J’ai bien du chagrin va. Renoncer à notre bonheur ça n’est pas facile. Je ne sais pas comment je ferai pour me résigner.
Bonjour mon amour, as-tu bien dormi ? Je pense sans cesse à toi et dans mes rêves je ne suis préoccupée que de toi. Je voudrais bien que tu n’aies plus besoin de passer une partie de tes nuits comme tu le fais à travailler pour moi. C’est une de mes grandes inquiétudes que de te savoir toutes les nuits à travailler au risque de te rendre aveugle. Je voudrais bien ne plus t’être à charge. Ce serait un fameux poidsb de moins pour toi et pour moi une grande tranquillité. Malheureusement au train dont vont les choses ça n’a pas l’air d’arriver bientôt. Je t’adore mon bon petit homme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 114-115
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « prête ».
b) « poid ».


6 mai [1838], dimanche après-midi, 5 h. ¾

Mon cher petit homme adoré, je viens de finir de copier les deux lettres pour Granier et puis je t’aime pauvre bien-aimé. Je ne sais à quel saint me vouer pour l’affaire de Joly. Je crains de t’embarquer dans une trop méchante affaire, peut-être vaudrait-il mieux que nous allassions chacun de notre côté au théâtre seulement pour un certain temps que de risquer à nous nuire mutuellement ! Il est vrai que je ne vois pas trop dans quel théâtre je puis aller sans ta protection, mon pauvre bien-aimé. J’ai vraiment bien du chagrin et tu dois le comprendre puisque je t’aime de toute mon âme. Réfléchis bien, mon cher bien-aimé, et si cette affaire de Joly est décidément trop mauvaise, ne la faisons pas. Je te dis cela bien du fond du cœur et sans arrière-pensée. Après tout, tes intérêts sont plus importants que les miens et s’il y en a un de nous qui doit se sacrifier à l’autre, c’est bien certainement moi. Il [y] a si longtemps mon pauvre adoré que tu te dévoues pour moi qu’il est bien temps que j’en fasse autant pour toi.
Bonjour mon petit chéri ou plutôta bonsoir, car à l’heure où tu lis ma lettre il est bien temps de se coucher et [c’est] ce que je te prie de faire si tu m’aimes un peu dans ton lit, et si tu m’aimes comme je t’aime dans mon lit. Je ne sais pas si ma rédaction se fait comprendre mais j’ai l’intention de te dire une chose de l’âme et du cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 116-117
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « plus tôt ».

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