Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1880 > Juin > 9

Paris, 9 juin 1880, mercredi matin 10 h. ½

Cher bien-aimé, je te souris et je te bénis. Je sais que tu as passé une bonne nuit, je vois que le temps est beau, et je sens que je t’adore, donc, tout est bien et je remercie Dieu. Je viens de voir Lesclide et je l’ai invité à dîner ce soir. J’ai aussi vu mon cher Louis [1] qui venait de la part de son ami Paul Foucher me prier de m’intéresser à la réussite de son projet de mariage avec la plus jeune fille de Paul Meurice. Projet dont il a déjà commencé à faire part à Paul Meurice par l’entremise de Lesclide. J’ai répondu tout [de] suite que, quel que soit ma sympathie pour Paul Foucher, il m’était impossible de me départir de la règle que je me suis imposée toute ma vie de ne m’immiscera en rien aux affaires de famille de mes amis, que je serais heureuse de le savoir heureux autant qu’il le méritait, mais que je ne pouvais y contribuer en rien que par le cœur. Hélas ! pauvre garçon je pressens pour lui de ce côté-là encore bien des déceptions et des chagrins. Malheureusement on n’y peut rien que le plaindre et l’en aimer davantage [2].
J’espère que Mme Chenay aura pris le parti de partir par Cherbourg et qu’elle aura un bon passage de là à Guernesey [3]. En attendant, je la recommande à tous les saints auxquels elle croit et surtout à Saint Médard le lamentable larmoyeur [4]. Et je te baise depuis la tête jusqu’aux pieds.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16401, f. 152-153
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin

a) « m’imiscer ».

Notes

[1Son neveu, (Jean-)Louis Koch.

[2Le neveu de Victor Hugo sortait à peine d’un chagrin d’amour au moment où il demande à Juliette d’intercéder pour son nouvel amour, Marthe Pauline Meurice, la cadette de Paul Meurice. Celle-ci ne l’épousera pas, elle se mariera en 1888 avec Albert Clémenceau.

[3Depuis plusieurs jours Mme Chenay, belle-sœur de Hugo et intendante de Hauteville House, doit rentrer à Guernesey, mais retarde son retour à cause du temps.

[4Saint célébré le 8 juin et s’il pleut ce jour-là, on doit s’attendre à de la pluie aussi 40 jours plus tard, d’après le proverbe. La légende raconte qu’il avait le don de faire la pluie et le beau temps.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne