3 juin 1880

Paris, 3 juin 1880, jeudi matin 8 h. ¾

Bonjour, mon doux adoré, bonjour, sois béni. Plus heureux que sage, Rochefortn’a reçu qu’une légère blessure. Puisse cette nouvelle folie spadassine être la dernière pour lui. Je le désire de tout mon cœur sans oser y croire beaucoup connaissant l’homme comme je le connais [1]. Lockroy sera de retour demain, tel est le contenu du télégramme que sa femme a reçu ce matin et qu’elle a eu la bonne grâce de me faire communiquer. Le pauvre Lesclide que j’avais prié de venir ce soir pour nous épargner le chiffre 13, a un abcès dans la gorge qui le fait beaucoup souffrir. Il est dans son lit jusqu’à ce qu’il soit guéri, ce qui est une affaire de quelques jours, dit le médecin. Je te fais souvenir que tu as Sénat à deux heures, séance publique sans bureau. Ferry t’informe qu’il n’a pas pu faire accepter le livre de M^me Mathise [2] car la commission des livres l’a refusé. Cela ne m’étonne pas, les commissions n’étant faites que pour cela. Heureusement que je n’ai besoin d’aucune pour t’aimer au vu et au su de tout ce monde, c’est bien fait.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16401, f. 146
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin