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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 décembre [1848], lundi après-midi, 3 h. ½

Je craignais tantôt d’être en retard parce que toute la matinée jusqu’à 2 h. j’ai eu les ouvriers chez moi. Mais voilà que, bien au contraire, je suis trop en avance. Pourvu qu’il ne te soit rien arrivé ?

Lundi soir, 8 h.

Hélas, mon pauvre adoré, il n’est que trop probable que je ne te reverrai pas ce soir, ce qui est bien triste et bien maussade. Ce n’est pas que je grogne après toi, mon doux adoré, bien loin de là, je t’aime, je te regrette et je te désire, voilà tout, c’est-à-dire que je voudrais te voir, que ton absence m’est odieuse et que tu es la joie de mon âme. En te quittant, j’ai pris la Béarnaise et je suis allée chez Joséphine, que j’ai trouvée toute seule, sa vieille Baucoul ayant eu peur est allée se réfugier à la campagne jusqu’à la parfaite installation du président quelconque [1]. Je suis revenue à pied par le boulevarda, je voulais me rendre compte de l’état de la ville et je n’ai vu que quelques rassemblements peu compactsb et peu bruyants, ce qui m’a tranquillisée. Et puis j’espère qu’une fois revenu de l’Assemblée, tu ne sortiras pas de chez toi si [ce] n’est pour venir me voir ? Mais encore, je prends mon courage à deux mains et je te supplie de rester chez toi et de ne pas te hasarder si tard. Dans mon affreuse rue déserte. Je fais le sacrifice de mon bonheur à ta sécurité.

Juliette

Leeds, BC MS 19c, Drouet/1848/136
Transcription de Joëlle Roubine

a) « Boulevart ».
b) « compactes ».

Notes

[1L’élection présidentielle se profile.

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