Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1849 > Juillet > 20

20 juillet [1849], vendredi matin, 6 h. ½

Bonjour, mon grand saint Toto, bonjour mon Victor adoré, bonjour et que le bon Dieu te donne à pleines mains toutes les joies, toutes les fleurs, toutes les gloires et tous les bonheurs de ce monde.
J’ai voulu être la première à te souhaiter ta fête bénie car à défaut d’autre cadeau j’ai voulu que mon amour fût le premier parmi tous les vœux et tous les hommages qu’on t’offrira aujourd’hui.
Autrefois, j’avais ma pauvre fille auprès de moi ce jour-là, ce qui en faisait un jour de joie et de bonheur. Aujourd’hui, je suis seule, hélas ! Pardonne-moi, mon adoré bien-aimé, de mêler, mes regrets à un anniversaire fleuri et que tout le monde fête avec le sourire sur les lèvres. Pardonne-moi de t’associer sans le vouloir au souvenir douloureux qui apparaît malgré moi dans ce moment-ci. Je t’aime, mon Victor, il n’y a pas de tristes préoccupations qui fassent diversion à ce sentiment immortel comme mon âme. Je t’aime, je t’aime, je t’aime, mon bonheur est de t’aimer. Sois heureux aujourd’hui et toujours. Tu ne le seras jamais autant que tu le mérites et que je t’aime. Pense à moi, mon doux bien-aimé, afin que je me ressentea des joies de ta fête. Aime-moi pour que la vie me tienne au cœur. Tâches de venir le plus tôt possible car je t’attends avec tout ce que j’ai de plus tendrement impatient.

Juliette

MVHP, Ms, a8252
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

a) « ressentes ».


20 juillet [1849], vendredi matin, 11 h.

Il me semble, mon amour, que j’ai la mine de vous attendre jusqu’à trois heures, trop heureuse si vous venez à cette heure-là. Je ne sais pas pourquoi j’ai mauvaise opinion de mon VENDREDI malgré et peut-être à cause de votre fête. Si je me trompe, j’en demande pardon au grand saint toto et je ne demande pas mieux que d’être convaincue de préjugés et de calomnie envers ledit saint et son auguste représentant le vendredi. Quant à vous, mon amour, je ne vous demande pardon de rien parce que vous êtes capable de tout et probablement coupable de beaucoup de choses. Je ne veux rien approfondir aujourd’hui par respect pour le GRAND saint derrière lequel vous vous abritez, mais plus tard je saurai vous retrouver. Tâchez que ce ne soit pas chez Mme Morel, voilà tout ce que je vous dis. Maintenant taisez-vous et venez tout de suite. À propos, qu’est-ce que vous me donnez pour votre fête ? Le moindre petit dessin me suffira, ainsi ne vous gênez pas. Je ne veux pas abuser des tristes circonstances qui pèsent sur vous et sur toute la république en exigeant de vous des choses impossibles. Je m’en tiens au petit dessin que vous avez fait hier ; pour cette fois je m’en contente ; nous verrons si vous serez aussi obéissant que je le veux et si vous ne vous livrerez pas à des FOLIES RUINEUSES. Voime, voime, nous verrons cela. En attendant, j’ai grand peur de ne rien voir du tout.

Juliette

MVHP, Ms, a8253
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne