7 juillet 1849

7 juillet [1849], samedi matin, 7 h.

Bonjour, mon Toto aimé, bonjour, de tout mon cœur et de toute mon âme, bonjour. Tu m’as fait un bien grand plaisir hier en revenant. Rien que la preuve que tu as pensé à moi me comble de joie. La journée d’hier est une des plus charmantes de ma vie par les deux courts moments que j’ai passés avec toi. Que sera-ce donc, mon Dieu, si jamais nous réalisons ce ravissant projet d’un petit voyage cette année ? Malheureusement, je n’en entrevois pas la possibilité avec la permanence de l’Assemblée. Je ne vois pas du tout comment tu pourras lever cette difficulté presque insurmontable ? À moins que les 750 représentants de la législative n’éprouvent^a de leur côté le besoin de se reposer et de changer d’air et ne se votent^b un congé d’une quinzaine, je ne comprends pas comment nous pourrions faire notre ravissante excursion. Si tu en sais plus long que moi à ce sujet, tu devrais me le dire pour que je puisse dès à présent me livrer à plein cœur à cette douce espérance car jusqu’à présent je ne fais que désirer sans oser espérer. Tantôt, si tu n’es pas trop absorbé par ton travail, je te supplierai de m’en dire quelque chose, ne fût-ce^c que pour calmer le regret bien trop vif que j’éprouve de ne pouvoir pas entendre ton discours. Hélas ! jamais le hasard ne me favorisera à ce point de me faire assister à une séance dans laquelle tu parleras. Je suis bien trop Juju et trop guignon pour cela. C’est ce qui m’enrage énormément.

MVHP, Ms a8242
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

a) « n’éprouve ».
b) « vote ».
c) « fusse ».