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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 juillet [1842], mardi, midi ½

Comme je veux tâcher de coudre un peu aujourd’hui, mon Toto, je t’écris mon second gribouillis de bonne heure pour avoir plus de temps à moi. Comment vas-tu mon bien-aimé ? Comment va Toto II [1] ? Vous êtes ma seule pensée et unique préoccupation, mes chers petits bonshommes et je voudrais bien savoir comment vous allez ce matin. Je n’ai pas pensé à te demander si tu en avais pour longtemps encore à te COLCHIQUER, dès que je te verrai je m’informerai de ça. En attendant je ronge mon frein et je pense ce que je veux sur ce remède colchiquier. Est-ce que tu auras séance à l’académie tantôt ? En vérité c’est bien absurde de voir ces pauvres vieux vieillards se donner des airs de gens qui travaillent et qui pensent comme des personnes naturelles, on n’a pas d’idées de ça. Quant à moi, je ne

Midi ¾

Mon cher petit homme, j’avais été interrompue par le coiffeur et puis je viens de te voir, mais si peu que loin d’être un plaisir, c’est un regret de plus pour moi car je n’ai pas pu t’embrasser et je n’ai pas eu le temps de m’informer comment tu allais et comment le petit garçon avait passé la nuit. J’espère que je vais te voir bientôt et que j’aurai tout le temps de savoir ce qui m’intéresse et de baiser ta ravissante petite bouche.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 289-290
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette


26 juillet [1842], mardi matin, 9 h. ½

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mon cher amour adoré, comment avez-vous passé la nuit tous les deux, mes chers petits éclopésa ? Comment vont tes pauvres petites mains ce matin, mon Toto chéri ? J’ai rêvé de toi toute la nuit pendant que tu travaillais, pauvre ange adoré. Je me suis éveillée à l’heure où tu as coutume de venir, quand tu viens, mais inutilement, mon pauvre petit homme, puisque tu n’es pas venu. J’ai pensé que c’était l’heure à laquelle tu devais te reposer et je suis allée dans ton lit te baiser sur tes beaux yeux fatigués, sur tes chères petites pattes malades et sur bien autre chose encore. J’ai trouvé une manière de boire le vin colchique, c’est de le boire à même le tonneau par le petit ROBINET, de cette manière je serai sûre qu’il ne sera pas éventé. Voime voime, polisson, apporte-moi ton nectar, tu verras comme je le dégusterai sur tes épaules. En attendant, dépêchez-vous donc un peu de venir me donner de vos nouvelles s’il vous plaît. J’en ai le plus grand besoin. C’était joliment bon la petite promenade d’hier, j’en voudrais bien encore un petit morceau aujourd’hui quand je devrais être forcée de vous flanquer la gifle promise, ce que je ne manquerais pas de faire le cas échéant. Mais c’est égal, pour avoir encore un moment de bonheur aujourd’hui, je risquerais vos joues. Baisez-moi toujours.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 291-292
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

a) « écloppés ».

Notes

[1François-Victor Hugo est convalescent.

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