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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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23 juillet [1842], samedi après-midi, 4 h. ½

Avec votre petit [illis.] de papier, je suis forcée de vous écrire en petits morceaux puisque vous avez jugé convenable de ne pas m’en apporter du grand. Tout ça va très bien avec le vin colchique, le régime cellulaire, vos manadies et votre hideux discours. Tout ça se tient comme un casse-tête chinois. Mais ce qui se tient aussi, c’est le profond embêtement que j’éprouve et le monstrueuse indignation qui s’empare de moi quand je pense à toutes les indignités que vous me faites souffrir. Si ce n’était pas un reste de pitié pour toutes vos infirmités, je vous flanquerais une pile dont vous me diriez des bonnes nouvelles. Rendez grâces aux Dieux qui vous firent si blaireux car sans cela vous auriez eu une drôle de trempée pour vos manadies et autres loustiqueries peu [édifiantes ?]. Taisez-vous, monstre, allez faire vos discours et vos bêtises, ça vaudra bien mieux. Je continue à avoir un des plus atroces mal de tête qui puisse se trouver sur la calotte d’une femme. Le cœur me tourne et pour un peu, je vomirais mon déjeuner. Oh je suis une Juju bien appétissante et par l’embarras je ferais aussi bien de taire mon importune gueule sans murmurer.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 277-278
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette


23 juillet [1842], samedi après-midi, 4 h. ¾

Je crois que je viens de vous écrire beaucoup de stupidités émaillées d’injures et de fautes d’orthographe. Heureusement qu’avec vous autant en emporte le vent et d’ailleurs il ne m’est pas prouvé que vous lisiez tous ces hideux gribouillis, ce dont je vous approuve avec enthousiasme. Mais en tous les cas, ça ne doit pas vous impressionner beaucoup, je peux donc me livrer à mes envies et à mes divagations à toute bride et à tous crins, nous n’en serons pas meilleurs amis pour ça.
J’ai bien mal à la tête mon Toto, riez-en tant que vous voudrez mais je souffre comme une enragée. J’ai écrit à la mère Ledon afin qu’elle me dise si son objet est mort et si je dois me passer de lui indéfiniment. J’attends sa réponse. Mais en attendant j’ai un redoublement de mal de tête à cause de l’affreux béguin que je suis forcée de me mettre sur la coloquinte. Que le diable emporte toutes ces hideuses combinaisons.
Vous m’avez promis de revenir tout à l’heure mais entre nous soit dit je n’y compte pas mon amour, je suis trop bien payée pour [illis.] croire à vos promesses. Cependant, mon amour, si vous aviez un peu de cœur aux entrailles, vous me feriez sortir. Voime, voime en reniflant ma pauvre chichi, ce sera pour dans quinze jours.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 279-280
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

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