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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 juillet [1842], mardi matin, 9 h. ½

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mes deux Toto chéris [1], comment allez-vous, mes bons petits amis ? Comment avez-vous passé cette affreuse nuit d’orage ? J’ai bien pensé à vous, mes pauvres bien-aimés, éveillée et endormie. Je voudrais bien savoir tout de suite comment vous vous trouvez tous les deux ce matin. Je voudrais bien aussi baiser ma belle petite jardinière si gentille et si bonne. Enfin je voudrais pouvoir vous manger tous de caresses car plus je vais et plus je suis folle de tout ce monde-là. Vous devriez bien venir m’en donner un petit morceau à goûter tout de suite. Je meurs de faim et de soif de vos baisers. Tu sais que je t’ai déjà dit, mon Toto chéri, que rien ne te gênait pour le coiffeur ? En supposant que je ne sois pas prête, le jour où tu seras là, j’en serai quitte pour le renvoyer sans me faire coiffer. Ainsi je t’en prie, mon adoré, ne me prive pas du seul bonheur que j’aie au monde sous le prétexte ridicule de ma perruque. Quand tu liras ce gribouillis il sera justea l’heure de revenir auprès de moi et je t’en prie de toute mon âme, n’y manque pas. Entendez-vous mon cher petit homme adoré ? En attendant je vous désire et je vous attends, ne me faites pas attendre trop longtemps et apportez-moi de bonnes nouvelles. Je vous baiserai bien pour la peine.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 237-238
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

a) « jusque ».


12 juillet [1842], mardi après-midi, 3 h.

Encore le même temps orageux d’hier, mes pauvres petits. Vous allez encore souffrir : le petit malade de la chaleur et toi de l’inquiétude de le voir souffrant. Si je pouvais vous faire un rempart de mon amour, mes chers adorés, vous seriez toujours heureux et bien portants. Malheureusement mon amour ne peut vous servir à rien et c’est là un des grands découragements de ma vie. Comment vous trouvez-vous mes bons petits amis ? Que dita M. Louis ? Quand donc pourrai-je pousser mon cri de guerre ? Cela dépend de vous mes pauvres amoureux, dépêchez-vous de vous guérir tous les deux et je vous réponds de me faire entendre à plusieurs lieues à la ronde : QUEL BONHEUR !!!!!!!b En attendant je continue à dépenser de l’argent. Aujourd’hui encore le charbon 9 F., demain je ne sais pas ce que ce sera mais le diable y pourvoira. Plus je voudrais être économe et plus l’argent me fond entre les doigts, c’est comme une malédiction. Je voudrais bien que ce fût une autre que moi qui fût chargée de la dépense, je serais moins malheureuse et moins tourmentée. Non pas que tu ne sois le plus doux et le plus généreux des hommes mon pauvre adoré, mais parce qu’il me semble toujours que je fais moins bien que tout le monde et que je te dépense trop d’argent. Ce qu’il y a de bien sûr c’est que je suis plus bête que n’importe quoi et ce gribouillis le prouve mieux que je ne le voudrais. Mais je t’aime comme personne n’a aimé et n’aimera jamais.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 239-240
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

a) « dis ».
b) Les points d’exclamation courent jusqu’au bout de la ligne.

Notes

[1François-Victor Hugo est convalescent.

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