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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Dimanche matin, 9 h., 10 juillet [1842]

Bonjour mon Toto chéri, bonjour mon cher amour, comment va ta petite main, comment va mon cher petit garçon ce matin [1] ? Si c’est bien, je suis heureuse. Si c’est mal, mais cela ne peut pas être parce que je serais trop malheureuse. Ne me fais pas tirer la langue trop longue pour savoir de tes nouvelles, mon cher adoré. Tu serais bien plus gentil encore que d’ordinaire si tu voulais venir me donner le bulletin de vos chères santés à tous et m’apporter en même temps ma petite croix que je voulais te redemander hier et que j’ai toujours oublié parce que, dès que tu es là, la joie [de] te voir fait que je ne pense plus à rien. Pourvu que tu ne l’aies pas perdue. J’en serais très fâchée car, outre que c’est un signe de bonheur, c’est un souvenir d’une des plus ravissantes promenades que nous ayons faites ensemble et rien que pour ça, je serais bien triste si tu l’avais perdue. Jour mon cher petit o, apporte-moi ma croix tout de suite. Apporte-moi ta chère petite bouche à baiser. Apporte-moi toute ta délicieuse petite carcasse à houspiller de caresses. J’ai une rage d’amour que je voudrais passer sur toi. Dépêche-toi donc de venir bien vite pour que je me satisfasse.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 229-230
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette


10 juillet [1842], dimanche après-midi, 3 h. ½

Vous n’êtes pas gentil, mon Toto, de ne pas venir me dire comment va votre petite main et comment se trouve notre cher petit malade aujourd’hui. Cela vous est égal de me tourmenter inutilement ou de me donner du bonheur pour toute ma journée selon qu’il vous plaît de ne pas venir ou de venir chez moi. Entre nous, vous êtes une bête et un méchant homme, n’est-ce pas mon amour que vous en convenez. Maintenant, si vous voulez que je vous pardonne, il faut absolument que vous veniez tout de suite et que vous vous laissiez caresser et baiser jusqu’à ce que mort s’ensuive. Vous entendez bien, n’est-ce pas, monstre. Je crois que je serai toute seule toute la journée car la mère Pierceau doit être dans son déménagement et mesa autres femelles au diable au vert. Cela me serait plus qu’égal si vous vouliez donner tout le reste de la journée, j’oserais même dire que je préférais dix millions de milliards de milliers de fois mieux être avec vous sans être taxée d’exagération. Mais comme je suis trop sûre que vous ne me ferez pas cette douce surprise, je trouve un peu chesse de passer tout mon temps toute seule comme un ours sans avoir un pauvre être de rien du tout à qui je puisse parler de vous et dire combien je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 231-232
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

a) « mais ».

Notes

[1François-Victor Hugo est convalescent.

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