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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 août [1845], dimanche matin, 9 h.

Bonjour, mon bon petit Toto, bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, toi, bonjour, vous, comment que ça va ? Voilà un bien bon temps pour toi, mon Toto chéri : de la chaleur et du beau temps. Tu vas pouvoir errer à ton aise ; la question maintenant est que tu ne te fatigues pas a outre mesure. Je te remercie, mon Toto aimé, de la permission que tu me donnes pour aller aux prix, mais je n’en profiterai pas et cela sans grande contrainte, je t’assure. Le prétexte était bon pour sortir ; quant au plaisir en lui-même, il est des plus médiocres pour ne pas dire plus. Je resterai chez moi, j’attendrai Duval et je cueillerai des abricots que je t’enverrai par lui s’ils sont assez mûrs. Voilà ce que je ferai et puis tu tâcheras de venir me voir et je serai très heureuse si tu viens. Je désire plus que je ne peux le dire de passer une journée entière avec toi en plein air. C’est un besoin d’aimer et de respirer qui me gonfle le cœur et la poitrine au point qu’il me semble que j’étoufferai si tu ne me donnes pas cette journée d’amour et de soleil. Tu me l’as promise mais tu n’es pas toujours un prometteur fidèle à ta parole. Aussi je n’ai pas cette espèceb de plaisir qu’on éprouve d’avance quand on attend et qu’on espère un bonheur. Pourtant, mon Victor, il faudra me la donner, cette pauvre petite journée si désirée et si attendue, car j’en ai bien besoin. Je t’aime, je te baise, je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16360, f. 186-187
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « tu ne fatigue pas »
b) « cet espèce ».


24 août [1845], dimanche soir, 5 h. ¾

Tu ne veux pas que je sois triste, mon bien-aimé, je t’obéis en essuyant mes larmes. De ton côté, mon Victor adoré, tâche de revenir ce soir ainsi que tu me l’as promis. Ne me retire pas d’une main ce que tu m’as donné de l’autre. Ne me reprends pas ce soir le pauvre petit moment de bonheur que tu viens de me donner tout à l’heure. Pense à moi et aime-moi afin que ta pensée et ton amour m’arriventa sous la forme du courage et de la résignation et que je puisse attendre ton retour sans trop d’ennui et trop d’amertume.
Tu fais bien d’aller voir ce médecin puisque c’est grâce à lui que ton indisposition n’a pas été une maladie grave. Pour ma part, je lui voue une sincère reconnaissance, quoique dans le premier moment il m’ait fort inquiétée. Enfin c’est fini, Dieu merci, et je crois maintenant que les rechutes ne sont plus à craindre, à moins de grandes imprudences de ta part, auxquelles tu n’es que trop enclin. Je t’aime, mon Victor chéri, je suis triste parce que je t’aime mais j’aime mieux ma tristesse avec mon amour que toutes les joies du monde sans lui. Aussi ne t’inquiète pas, seulement tâche de venir ce soir, je t’en supplie. Je baise ta chère petite bouche. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16360, f. 188-189
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « ta pensée et ton amour m’arrive ».

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