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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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1er juillet 1845

1er juillet [1845], mardi matin, 9 h.

Bonjour, mon Toto chéri, bonjour, mon cher petit marquis de SCIE, de ça et de l’autre. Bonjour, comte de l’autre, de ça et de scie, comment vous portez-vous ? Il fait bien beau, n’est-ce pas ? As-tu soif ? Taisez-vous, vilain, et faites-vous faire un habit tout de suite, ça vaudra mieux que de me SCIER depuis le matin jusqu’au soir comme vous le faites.
Je regrette, mon cher petit Toto, que tu ne m’aies pas dit plus tôt que je pouvais conduire Claire à l’Hôtel de Ville. À l’avenir je le ferai, mais il n’était plus temps aujourd’hui pour avertir Eulalie de ne pas venir. Je t’ai demandé si tu avais de l’ouvrage plus pressé que le mien à faire faire à Eulalie. Cela ne voulait pas dire que je n’avais rien à lui faire faire, mais seulement que je pensais à toi. Jour, Toto, jour, mon cher petit o. Il fait un temps désolant. On se croirait plutôt au mois de décembre qu’au mois de juillet. C’est affligeant surtout pour toi, mon pauvre ange, qui a besoin de travailler en marchant. Je t’aime, je baise tes quatre petites pattes blanches. Je t’adore malgré ta SCIE. Je veux bien que tu me scies, mais pas avec les MALADIES.
Quel bonheur, mon Toto ravissant, je t’ai vu ! Tu n’es resté que cinq minutes, mais ce sont cinq minutes qui me donnent cinq heures de courage et de patience. Ne va pasa à la Chambre et chez le garde des Sceaux sans venir me voir. Je t’en prie, je t’en supplie. Tu me ferais trop de peine si tu ne revenais pas avant cette nuit. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16359, f. 359-360
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « ne va pas ».


1er juillet [1845], mardi après-midi, 3 h. ¾

Mon cher petit bien-aimé, je commence à croire que votre apparition de cessation n’était qu’un affreux leurre et que vous ne reviendrez pas avant minuit ou une heure du matin. Je vous assure que je n’ai pas envie de rire, au contraire. Autant je m’étais réjouie de la petite surprise de ce matin, autant je sens que je serai triste de la déception de ce soir. Qui est-ce qui m’aurait dit il y a douze ans que tu pourrais vivre toujours éloigné de moi avec cette facilité ? Certes, je ne l’aurais pas cru. Autant j’étais sûre d’être aimée dans ce temps-là, autant j’en doute maintenant. Je me demande à quoi sert la vie que je mène et si je ne ferais pas mieux de te débarrasser une bonne fois pour toutes. Pauvre adoré, il est impossible de montrer un plus entier, un plus généreux dévouement que le tien dans l’état où est ton cœur. Mais cela ne peut satisfaire un amour comme le mien. La substitution de l’honnête homme à l’homme amoureux ne lui va pas. Justement te voici.

4 h. ½

Mon bien-aimé, merci et pardon du fond du cœur. Tu viens de m’ôter un affreux point douloureux que j’avais à l’âme. Il suffit pour cela de ton sourire et d’un baiser de ta ravissante petite bouche rose. Merci mon adoré, merci, à bientôt, n’est-ce pas ?

Juliette

BnF, Mss, NAF 16360, f. 1-2
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

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