15 mars 1860

Guernesey, 15 mars 1860, jeudi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon petit homme, bonjour du haut de mon amour et de ma bonne nuit, bonjour, comment allez-vous ce matin ? Si vous avez bien dormi et si vous m’aimez je serai à la joie dans mon cœur. Je ne sais pas ce que sera le temps aujourd’hui pour notre petite promenade sur la colline, mais il faudrait qu’il fût bien impossible pour m’empêcher de la faire avec vous. Quant à nos petites soirées, j’aime mieux que vous m’en donniez la fin que le commencement, mon bonheur y trouve un peu plus son compte et à ce sujet je hâte de tous mes vœux le retour de M^me Hugo, pour tous les habitants de Hauteville qui la désirent aussi et pour moi qui pourrai enfin faire valoir mes droits à un pauvre petit dîner hebdomadaire dès qu’elle sera ici [1]. En attendant j’attends et je finis par trouver le temps bien long. Dès que je pourrai me tenir sans souffrir hors du coin de mon feu je reprendrai ma chère copire qui supplée pour moi à toutes les joies que tu ne peux pas toujours me donner. Jusqu’à présent je n’aurais pas pu recommencer avec suite cette douce et saine occupation mais au premier rayon de soleil sérieux je m’y mettrai avec amour et bonheur. Jusque-là je vous aime sur mes chenets et je vous adore feu et flamme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16381, f. 51
Transcription de Claire Villanueva