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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 mars 1860

Guernesey, 13 mars 1860, mardi matin, 8 h.

Bonjour, mon bien, bien, bien aimé, bonjour, que le bonheur soit avec toi, et avec tous les tiens. En dehors de ce souhait qui remplit tout mon cœur et toute mon âme je ne trouve rien à te dire tant mon pauvre esprit est borné et ma vie régulière. Je t’aime avec une fixité qui ne me permet pas de rien voir au-delà ni en deçà. Aussi mes pauvres restitus sont d’une monotonie qui doit souvent t’ennuyera et t’agacer. Je voudrais pouvoir les varier un peu ; mais hélas ! Tous mes efforts n’aboutissent qu’à t’aimer encore plus fort et à te le dire encore moins bien. Il vaut donc mieux que je me laisse aller à ma pente naturelle sans chercher à remonter le cours de mon amour pour y pêcher ca et là un esprit et des incidents qu’il ne contient pas. Et à ce propos je désire savoir si tu as bien dormi et si tu te portes bien ce matin. Quant à moi j’ai très peu et très mal dormi et j’ai fait de vilains rêves dans lesquels je te voyais souffrant de douleurs de cœur. J’espère qu’il n’en est rien en réalité mais je ne serai vraiment tranquille que lorsque je t’aurai vu et baisé de la tête aux pieds. Jusque là je conserve malgré moi une petite pointe d’inquiétude que je combats en t’aimant de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16381, f. 49
Transcription de Claire Villanueva

a) « t’ennuier ».

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