12 février 1860

Guernesey, 12 février 1860, dimanche, 4 h. après-midi

Je suis d’autant plus humiliée de ne m’être pas trouvée dans les armes tantôt pour te recevoir, mon cher adoré, que dans l’espoir d’être prête avant ton heure habituelle. J’avais remis mon cher petit gribouillis matinal à ce soir. Tout cela ne m’a servi qu’à te faire trouver dans la bagarre de mes guignes, de mon seau de toilette et de tout le tohu-bohu de mon négligé trop peu pittoresque. J’en ai éprouvé une contrariété que je n’ai pas pu te cacher et que tu as fini par partager malgré ta sublime patience. Heureusement notre mauvaise humeur n’a pas été de longue durée et que nous avons eu vite pris notre parti toi de ma maussaderie, moi de ma perruque à l’envers et de mon peignoir sale^a. Maintenant que je suis fourbie vous avez trouvé bon de décamper en murmurant : JE REVIENDRAI… tout à l’heure. Mais jusqu’à présent vous ne paraissez guère pressé de tenir votre [illis.] promesse. Pourtant je vous attends âme et cœur dans la main.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16381, f. 18
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette