26 janvier 1860

Guernesey, 26 janvier 1860, jeudi, 8 h. du m[atin]

Bonjour, mon cher bien-aimé ; bonjour dans toute la plénitude de mon amour et de ma santé ; bonjour, je t’aime et je me porte bien. J’espère que de ton côté, mon cher petit homme, tu as passé une très bonne nuit et que tu m’aimes UN TOUT PETIT PEU BEAUCOUP, ne pas prononcer ce dernier mot à la manière anglaise. J’espère aussi que le docteur Corbin voudra bien vous donner votre [illis.] de malade aujourd’hui et que je pourrai enfin vaguer et divaguer librement dans ma maison sans craindre votre police. En attendant je m’aperçois que je vous gribouille sur un papier tout maculé d’encre par vous ce qui défigure un peu la beauté de ma CALLIGRAPHIE et trouble mon STYLE deux choses pourtant bien remarquables chez moi. Voime, voime, mais je suis au-dessus de cela et du niveau de la mer et de bien autre chose encore ce qui me constitue une véritable SUPERIORITE AD HOC… ATTRAPE^a !!! Sur ce, entrouvrez^b un œil que je vous baise et aimez-moi tout de suite je le veux, je le veux, je le veux, je t’adore. Bien sûr

Juliette

BnF, Mss, NAF 16381, f. 5
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « attrappé ».
b) « entrouvez ».