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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Bruxelles, 28 décembre 1851, dimanche après-midi, 2 h.

Je ne sais plus comment je vis, mon doux adoré, mais je sais plus que jamais combien je t’aime et je sens jusque dans la moelle de mes os que tu es ma vie et mon bonheur. C’est te dire que je trouve le temps bien long, bien maussade et bien triste dans cette petite chambre vide de toi. Pourtant je ne veux pas être ingrate envers la Providence et je tâche de me faire une sorte de félicité terne avec toutes les grises joies de ma nouvelle vie. D’ailleurs est-ce que ce n’est pas tout ce que je peux raisonnablement espérer de plus lumineux maintenant. Mon pauvre amour a éprouvé une telle commotion qu’il n’est plus possible jamais de le remettre sur pied [1].
J’ai beau vouloir me tromper et me faire illusion il y a au fond de mon âme quelque chose de mort qui ne revivra jamais. J’ai beau vouloir retourner de huit ans en arrière il y a la fatalité qui me pousse et me fait hâter le pas vers le terme de toute chose. Mon cœur me dit : aime et la raison me dit : meurs. À quoi bon s’attarder dans la vie ?
Te voilà.

BnF, Mss, NAF 16369, f. 500-501
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Blewer]

Notes

[1En juin 1851 Juliette est terrassée par la révélation de la liaison que Victor Hugo entretient depuis 1843 ou 1844 avec Léonie d’Aunet.

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