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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 janvier [1844], lundi matin, 10 h.

Bonjour, mon Toto bien aimé, bonjour mon adoré petit homme, bonjour, bonjour je t’aime. Comment va ton petit Toto [1] ? Est-il moins souffrant ce matin ? As-tu faita venir M. Louis ? J’espère que ce n’est rien qu’une petite indisposition de son âge causée par la saison et par l’époque du jour de l’an. Une petite intempérance de bonbons, un peu de fatigue et d’agitation suffisent, que de reste, pour déranger la santé des enfants. Avec un peu de régime et de repos ce ne sera rien et déjà je l’espère il n’y pense plus du tout.
Ma péronelle [2] est partie ce matin de très bonne heure. Je l’ai pourtant embrassée avant de partir. Me revoilà seule pour quinze jours. Et quoiqueb je ne sache pas tirer un très grand parti de la présence de cette pauvre enfant auprès de moi à cause de la préoccupation continuelle de mon amour, je sens pourtant qu’il m’est doux de l’avoir auprès de moi. Elle est bonne, attentive et empressée pour moi. Puis elle paraît si heureuse d’être à la maison que son bonheur m’en donnec un peu à moi-même. La voilà partie. J’espère qu’elle va mettre le temps à profit cette année et qu’elle se trouvera très avancée dans ses examens à pareille époque l’année prochaine [3]. Toutes ces indispositions successives l’ont beaucoup retardée. Il serait à désirer que le régime qu’elle fait maintenant l’en débarrasse tout à fait pour lui laisser le temps et le goût du travail.
Moi je ne fais rien que t’aimer et je suis physiquement et moralement incapable d’autre chose. C’est ma vocation et mon état.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16354, f. 27-28
Transcription de Chadia Messaoudi assistée de Chantal Brière et Florence Naugrette

a) « fais ».
b) « quoi ».
c) « donnes ».


8 janvier [1844], lundi soir, 6 h. ½

C’est bien gentil de venir un peu dans la matinée, mon Toto chéri, mais c’est bien chesse quand cette minute de bonheur doit servir à défrayer toute une journée d’attente et d’ennuis. À quelque heure que tu viennes, tu t’arranges toujours pour me donner le moins de temps possible. Je sais bien que tu travaillesa, mon pauvre bien aimé, mais est-ce qu’il n’y a pas avec cette affreuse nécessité du travail, un peu d’indifférence pour ta pauvre Juju ? La main sur la conscience, mon Toto, est-ce que tu me donnes bien tout le temps qui n’est pas strictement employé à ton travail et à tes devoirs de famille ? Je ne le crois pas et je t’en donnerai la preuve si tu veux.

7 h.

J’en étais là de mes doléances, mon adoré, lorsque tu es arrivé avec ton doux sourire, ta douce voix, me calmer et me remettre un peu de confiance et de joie au cœur. Je n’ai plus le droit de me plaindre puisque je t’ai vu. Seulement il faudrait tâcher de ne pas venir trop tard pour que je ne retombe pas dans mon éternel rabâchage et mon éternelle tristesse chaque fois que ton absence se prolonge au-delà de mes forces. Je t’aime trop mon adoré, voilà ce qui est bien sûr.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16354, f. 29-30
Transcription de Chadia Messaoudi assistée de Chantal Brière et Florence Naugrette

a) « travaille ».

Notes

[1Juliette fait ici référence à François-Victor Hugo.

[2Sa fille, Claire Pradier.

[3Claire prépare l’examen d’institutrice.

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