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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 9 décembre [18]77, dimanche soir

Ne croyez pas, cher maître, que je me brosserai le museau à sec et toute seule dans mon coin pendant que vous festoierez en bonne et nombreuse compagnie de soir. Oh ! que non pas ! J’entends et je prétends lutter en tout petit comité féminin de gourmandise, de toasts, d’enthousiasme, de délire, d’admiration et d’adoration avec toutes les bouches, tous les yeux, tous les cœurs et toutes les âmes mâles qui vous acclameront ce soir au Grand Hôtel. Et si je n’avais pas craint de dépasser la mesure de mes moyens, j’aurais invité autant de femmes que la table peut en contenir au lieu de me borner aux deux dames Lesclide et à Mmes Rivet et Daudet. Mais, soyez tranquille, nous suppléerons au nombre par beaucoup d’entrain afin que notre gaîté vous arrive à travers tous les bruits de votre gloire et vous ferons force de penser à nous. A moi, surtout, mon grand bien-aimé, dont la vie est faite de ta vie depuis bientôt quarante-cinq ans. Je voudrais être sûre que tout se passera sans encombre et sans ennui pour toi ce soir car malgré moi je suis tourmentée de cette soirée ARMISTICE… je m’entends et j’espère que tu me comprends aussi malgré le sous-entendu de ma phrase. Je ne serai tranquille que lorsque tu seras revenu de ce banquet chair et poisson. En attendant, mon grand bien-aimé, je tâche de prendre patience en m’occupant de toi et en t’aimant de tout mon cœur et de toute mon âme.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 333
Transcription de Guy Rosa

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