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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 5 décembre [18]77, mercredi soir, 4 h. ¼

Je crains fort, mon cher grand bien-aimé, que le grand sabre de Mac-Mahon ne se mette en travers de tes fourchettes dimanche prochain et qu’il ne te serve un plat de son [métier  ?] à la place du friand menu du Grand Hôtel. Tu fais bien néanmoins de tirer la nappe à toi pour y installer tes nombreux convives, dussent-ils ne dîner que par cœur. Quant à mon projet de manger du veau entre femmes ce jour-là, je suis en train d’y renoncer, ne trouvant pas nécessaire, ni même amusant, cette parodie fadasse de votre gueuleton littéraire. Donc je dînerai seule ce jour-là très probablement. Demain tu as Sénat ; j’espère que tu m’y emmèneras et que je trouverai une âme compatissante pour m’y faire entrer. D’après Lockroy le torchon brûle, reste à savoir qui de la Chambre ou de Mac-Mahon s’y brûlera les doigts. Entre temps, comme disent les Belgiquois, j’ai reçu la visite d’Émile Allix, celle de Lesclide et celle du pauvre Lanvin qui venait te demander deux billets pour Hernani qu’il n’a pas vu encore et me donner en même temps des nouvelles de sa femme qui est très souffrante depuis un mois.
Il me reste assez de papier pour te dire le fin fond de mon cœur : Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 329
Transcription de Guy Rosa

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