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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 18 février 1859. Vendredi matin. 8 h ½

En veux-tu ? En v’là, de
la restitus !
Homère [illis.] [illis.].

Bonjour, mon cher adoré ; bonjour, mon grand petit homme ; bonjour avec tout mon cœur et avec toute mon âme et avec tout mon esprit par dessus le marché. Quel dommage que nous n’ayons pas eu ce temps-là hier pour notre petit gueuletona EXTRA-MUROS, je crois que je ne serais plus rentrée dans la capitale tant je me sentais heureuse de vaguer et de divaguer en plein air avec vous. Il fait un temps ce matin à donner des ailes à un colimaçon, mais tu as trop à travailler pour vouloir ou pour pouvoir te servir de mes GAMBES [1] aujourd’hui et il est plus que probable qu’il fera un temps à ne pas mettre un poisson rouge à la porte demain. J’attends donc avec résignation qu’il plaise à la belle saison et à ton travail de nous donner la clef des champs. En attendant, tu devrais bien me donner de la COPIRE, à moins qu’on ne suffise à toute chez toi ? Auquel cas je me retire ; car en toute chose, je ne veux pas gêner tes préférences.
Tu as oublié tes gants hier ; j’espère que tu n’auras pas eu froid en revenant de chez Duverdier le soir. J’espère aussi que tu as passé une bonne nuit et que tout est à souhait en toi, pour toi et par toi. Moi, je vais aussi bêtement qu’il est possible, ce qui est le comble de la santé. J’aurais bien désiré avoir le meuble de la pauvre Mme Rénierb [2] comme souvenir de mon séjour chez cette bonne femme et comme utilité, mais il paraît qu’il n’y est plus. Je le regrette car les souvenirs d’[honnêtes  ?] aubergistes sont rares partout et les meubles à tiroirs le sont presque autant dans ce pays-ci. Enfin, je tâcherai de guetter une meilleure occasion. En attendant, je te remercie de ta bonne volonté que je retiens pour une autre fois. Jusque là, je te baise de toutes mes forces.

BnF, Mss, NAF 16380, f. 46-47
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « gueulleton ».
b) « Mme Régnier ».

Notes

[1« Gambes » pour « jambes ».

[2Mme Rénier tient le Crown Hôtel où logent Juliette et Suzanne à leur arrivée à Guernesey. (Jean-Mac Hovasse, Victor Hugo, t. II, « Pendant l’exil I (1851-1864) », ouvrage cité, p. 362)

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