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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 24 juillet 1860, mardi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon ineffable bien-aimé, bonjour, que Dieu te préserve de tout mal sérieux : je t’aime. Comment as-tu passé la nuit, mon pauvre petit homme ? Est-ce que cette petite rougeur, qui n’est pas même un bouton à l’œil nu, te fait beaucoup souffrir ? Je le crains depuis que je t’ai vu quitter la table hier pour venir ici rajuster ta ceinture. Et pourtant je suis bien sûre, je CROIS être bien sûre que ce n’est qu’un petit feu de la peau comme en a tout le monde. J’espère, mon adoré, que je ne me suis pas trompée, et que nous n’aurons pas de nouvelles angoisses à supporter toi et moi encore cette fois-ci [1]. En attendant il faut surveiller beaucoup ton régime et ne prendre aucun excitant. J’ai bien regretté d’avoir oublié de te dire hier de cesser la bière pour ne boire que du vin au moins pendant quelque temps. J’ai lu dans les conseils d’hygiène que le vin était préférable à la bière comme fortifiant et tonique sans être excitant. C’est d’ailleurs ce que te conseillais le brave Terrier dont l’affection et le dévouement pour toi suppléaientb à un grand savoir. Et à ce sujet je regrette de ne pas pouvoir vaincre ma stupidité pour écrire à ce groupe ne fût-ceb que pour entretenir leur bonne amitié pour nous et pouvoir leur acheter de VRAI vin à l’occasion. Malheureusement j’ai trop attendu pour le faire et je ne sais plus du tout maintenant comment me tirer de là. Il est vrai qu’un mot de toi au docteur suffira [2]. Cependant il ne faut pas se faire illusion sur le côté Femme dont il dépend autant par faiblesse que par bonté et qui aurait besoin d’être un peu stimulé par un peu de coquetterie de notre part : je parle des femmes. Vous voyez que c’est bien [toi ?] que cela regarde, moi je ne suis bonne qu’à t’aimer.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 194
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « suppléait ».
b) « fusse ».

Notes

[1Hugo a souffert deux ans plus tôt un anthrax qui a failli lui être fatal.

[2C’est maintenant le Dr Corbin qui soigne Hugo.

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