Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1860 > Juillet > 13

Guernesey, 13 juillet 1860, vendredi, 7 h. ¾ du m[atin]

Bonjour, mon cher adoré, bonjour. Je te souris dans la pensée que tu as passé une bonne nuit et que tu m’aimes. Je regrette d’avoir été un peu maussade hier c’est-à-dire impatiente de ta contradiction bienveillante mais trop partiale au sujet de mes observations à Suzanne qui n’est que trop portée à n’en pas tenir compte. On dirait, chaque fois que je lui dis un mot sur son service, qu’il s’agit pour elle de vie ou de mort et qu’il est de nécessité absolue que tu interviennes pour me contredire et lui donner raison. Cette façon d’agir m’agace parce que cela rend mon autorité légitime plus difficile en me posant en tyranne malgré toutes les concessions et toutes les précautions oratoires que je prends pour lui parler. Une autre fois, mon bien-aimé, laisse-moi dire à mon gré que la soupe est trop salée et que le maquereaua à la maître d’hôtel ne se fait pas aux oignons et à l’huile, dût ta solidarité démocratique et ta popularité sociale en enrager dans ta peau de pair de France et d’aristo. De mon côté je te promets de ne pas me laisser aller à mes impatiences nerveuses et à ne pas troubler bêtement le pauvre petit moment de bonheur que tu me donnes une fois par semaine. Ceci dit et redit je te saute au cou et je te baise bien tendrement pour toute la bonté ineffable que tu as eueb envers moi hier et toujours et je t’aime de toutes mes forces.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 183
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « macreau ».
b) « eu ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne