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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 11 juillet 1860, mercredi matin, 7 h. ¾

Bonjour, mon bien-aimé ; bonjour, de tout mon cœur et de toute mon âme ; bonjour, je t’adore ! Tu as dû te coucher bien tard si j’en juge par tes fenêtres encore closes ? Dors, mon pauvre adoré, ne te refuses pas le sommeil dont tu as besoin, malgré que tu en dises ce n’est pas trop que six et sept heures de sommeil quand on travaille comme tu le fais. Pour moi qui ne fais rien, je trouve moyen d’être toujours fatiguée et de beaucoup dormir morceau à morceau sans me REPOSER [1]. Ce matin je vais très bien à mes pattes près. Je voudrais pouvoir prendre sur moi d’écrire aux Préveraud mais j’ai grand’peur que ma lâcheté n’ait encore le dessus aujourd’hui. Tout cela me préoccupea et m’ennuie au-delà de tout ce que je peux dire. Si j’osais j’enverrais une circulaire au petit nombre d’amis que j’ai à L’ETRANGER, c’est-à-dire en France, pour les prier de ne jamais m’écrire ou de sous-entendre que je ne leur répondrai jamais : de cette façon, la vie épistolaire me serait assez supportable. Autrement elle m’embête affreusement. Je n’ai pas besoin de te demander pardon de mes tristes infortunes dont tu as la férocité de rire comme un sans cœur que vous êtes : je me borne à gémir toute seule comme un pauvre petit âne qui vous aime.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 181
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « préocupe ».

Notes

[1« Dormir sans se reposer » est une expression de Suzanne employée les jours précédents par Juliette.

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