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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 juin 1842

29 juin [1842], mardi matin, 9 h. ½

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mon Toto chéri, bonjour mon amour bien-aimé. Comment avez-vous passé la nuit mes pauvres anges ? Toi, toujours travaillant, et mon cher petit garçon toujours dormant bien tranquillement. Je ne crois pas me tromper de beaucoup dans mes conjectures. Mais je voudrais que ce fût vous, mon cher petit homme, qui vienne me donner des nouvelles de vous et de notre cher petit enfant [1]. Je suis contrariée, puisque tu l’es, mon pauvre amour de [illis.] de l’académie. Mais je dois convenir aussi qu’à leur place j’en aurais fait tout autant. D’ailleurs, comme tu l’espères et comme tu le désires, personne ne mourra pendant ta présidence et tu pourras dire avec joie à la fin de ton trimestre : petit Bonhomme vit encore, ce qui ne sera nullement désagréable au vieux Royer Collard. En attendant j’aimerais mieux que notre petit garçon joue au saute-mouton avec des camarades et que nous roulions bien loin sur la grande route avec deux bons mois d’espace, de liberté et de bonheur devant nous. Est-ce que par hasard cet honneur dont on t’a assommé hier nous empêcherait de voyager si nous le pouvions ? Ah ! bien c’est pour le coup que je serais furieuse. Je serais capable de faire une St-Barthélémy de tous ces vieux podagres. Mais cela n’est pas possible, n’est-ce pas mon Toto ? On doit pouvoir circuler comme on veut quand on le peut. C’est égal, je ne serai tranquille que lorsque tu m’auras expliqué la chose.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 191-192
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette


29 juin [1842], mercredi après-midi, 2 h. ¾

Depuis que je pense que cette présidence peut être un obstacle à un voyage cette année dans le cas où nous pourrions en faire un, je ne suis pas tranquille. Je voudrais déjà en avoir le cœur net. Dépêche-toi de venir, mon amour, me rassurer et me donner des nouvelles du petit garçon et de celles de tes petites pattes. Je me suis en outre habillée de très bonne heure dans le cas où tu pourrais mener Claire à la pension, c’est demain le dernier jour du mois et je ne voudrais pas la faire rentrer à la pension ce VENDREDI !!! Je te serais donc bien obligée, d’user d’un de ces deux derniers jours pour éviter la mauvaise chance attachée au vendredi. Jour Toto, jour mon cher petit o, je voudrais bien vous baiser en chair et en os, quand donc viendrez-vous mon pauvre amour ? J’ai besoin de vous voir comme un chien, dépêchez-vous donc de venir bien vite. J’ai sur moi le fameux corset mécanique, il me semble qu’il va aussi bien que les autres, qui vont bien, et il est de plus très commode, cela est incontestable jusqu’à présent. Si vous étiez venu plus tôt, vous auriez pu juger de la chose. Il est vrai qu’il sera encore temps ce soir ou demain. Je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 193-194
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

Notes

[1François-Victor, fils de Victor Hugo, est convalescent.

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