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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 mai 1842

24 mai [1842], mardi matin, 9 h. ¾

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mon Toto chéri, comment vont tes yeux adorés ? As-tu pris un peu de repos cette nuit mon amour ? Prends garde si tu sors de te laisser avoir froid ou de mouiller tes chers petits pieds, il fait un temps hideux et qui te rendrait malade si tu ne prenais pas quelque précaution. C’est aujourd’hui académie, il est probable que tu y iras, je t’en prie, mon Toto, pense à te garantir du froid et des pieds mouillés. Il fait un temps abominable ce matin, on se croirait au mois de décembre. Heureusement que tu m’as fait sortir hier. Ce n’est pas que je ne serais encore très heureuse de sortir avec toi aujourd’hui et toujours, quelque temps qu’il fasse. Vous seriez bien gentil, mon Toto, si vous vouliez venir manger ce soir le reste de votre poule coriace et de vos zaricots verts. C’est si charmant de vous voir dévorer, tâchez donc de me donner ce plaisir ce soir. Ce pauvre petit o n’aura pas trop de plaisir aujourd’hui, du moins de ceux de la campagne, car il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors. Quel affreux pays où le soleil ne peut pas se montrer deux jours de suite. Cela ressemble beaucoup à un soleil de mes amis qui s’éclipse aussi trop souvent pour mon bonheur. Baisez-moi, monstre et reconnaissez-vous dans cette métaphore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 71-72
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette


24 mai [1842], mardi après-midi, 3 h. ½

Vous êtes un [vieux manteau de laine  ?] vous alliez à l’académie et vous n’avez pas voulu en convenir dans la crainte de dire une seule fois la vérité dans toute votre vie. Encore si vous veniez me chercher tout à l’heure pour aller sur la montagne, je vous pardonnerais, mais vous n’êtes pas si bon que de me donner du bonheur deux fois de suite, il n’y a pas de danger. Vous avez oublié de me dire, et moi de vous le demander si vous viendriez souper ce soir. Je vous vois si peu que j’ai à peine le temps de vous reconnaître. Je n’ai jamais vu un amant comme vous et on ne verra jamais une maîtresse comme moi. Taisez-vous, monstre, vous n’avez rien de bon à répondre. Taisez-vous, taisez-vous qu’on vous dit si vous tenez à votre vie. Tâchez de ne pas aller chez Clémence [1] car je vous réponds que j’en userai fort peu à votre égard de la susdite, dépêchez-vous de revenir auprès de moi qui vous aime comme une dératée et qui vous désire comme un rasoir.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 73-74
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

Notes

[1À identifier.

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