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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 1er mars 1853, mardi après-midi, 2 h.

Je ne demanderais pas mieux que de me croire très malheureuse aujourd’hui et de profiter de cette conviction pour être horriblement triste. Mais je me résiste courageusement et je force mon âme à vous sourire sans tenir compte de l’état de mon cœur. Vous étiez bien beau tout à l’heure, mon Victor, malheureusement je ne serai pas seule à faire cette remarque ; il est probable encore que vous trouverez à vous appareiller à cette exposition de marchandises cosmopolites et de femmes du cru. Moi, pendant ce temps-là, je finis d’achever ma stupide vie de chien de basse-cour pour laquelle pourtant j’avais si peu de vocation. J’attends, non sans impatience, que la providence en robe bleue m’octroie une de ses boulettes municipales afin que j’aille aboyera ailleurs après le bonheur qui ne sera peut-être pas aussi dédaigneux pour les pauvres bêtes dans l’autre monde qu’il l’a été pour moi dans celui-ci. En attendant je reste dans ma niche pendant que vous roucoulez autour des Jersiaises.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16373, f. 215-216
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette et Gérard Pouchain

NB : en travers de la deuxième page du folio 215 est tracée, d’une écriture peut-être différente de celle de Juliette Drouet, l’annotation suivante :
19 Xbre
28

a) « aboier ».

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