29 juin 1870

Guernesey 29 juin [18]70, mercredi matin, 6 h.

Comment la nuit, mon cher bien-aimé ? Comment celle de petite Jeanne ? Toutes les deux bonnes n’est-ce pas ? J’ai besoin de le croire pour ne pas rougir de mon pionçage féroce. Voila déjà plus d’une heure que je suis levée mais je n’avais ouvert qu’une fenêtre pour pouvoir lire de mon lit les Rappels que tu m’as apportés hier. J’en ai déjà écossé deux et des plus intéressants car ils contiennent des détails sur ce pauvre grand martyr, Barbès. J’ai lu aussi la lettre si tendre et si dévouée^a et si différente de l’aimable et excellent P. Meurice. Quelle raison et quel cœur ! Je l’envie de pouvoir te servir ainsi et je l’aime de t’aimer comme il le fait. D’après ce qu’il écrit il paraît presqu’impossible qu’il vienne à Guernesey en ce moment. Je le regrette moins à cause de nos embarras de charrettes dans lesquels il se serait trouvé mais j’espère qu’il viendra te voir à Bruxelles et que je pourrai lui dire tout ce que je pense de bon, de grand, de doux et de vénérable de lui. C’est aujourd’hui le jour où tu exécutes ta monstrueuse Marie. Tâche de ne pas la rater si tu peux. En attendant, tout le monde, moi en tête, se met à ton service chez moi dès à présent.

MVHPa, 9159.2
Transcription de Jean-Christophe Héricher et Michèle Bertaux

a) « dévoué ».