6 avril 1870

Guernesey, 6 avril [18]70, mercredi matin, 6 h. ¾

Tu dois savoir maintenant, mon cher grand bien-aimé, que le pauvre Kesler est mort ce matin à cinq heures. Ce dénouement prévu, et presque désiré par tous ceux qui s’intéressaient aux souffrances, sans guérison possible, de ce pauvre homme, ne laisse pas que de m’attrister et de me troubler l’âme en ce moment. Je pense avec inquiétude au surcroît de fatigue que cette mort va ajouter à celle sous laquelle tu plies déjà et j’en suis bien tourmentée. J’espère que tous les jeunes Français, qui étaient en relations étroites avec KESLER depuis assez longtemps, souffriront pour faire toutes les démarches indispensables EN CE MOMENT pour l’enterrement. Peut-être faudrait-il en informer Duverdier [1] et M^me Chenay te l’offrira d’elle-même car elle est l’amie de tout le groupe Nicolle Duverdier. Je sens que je te dis des inutilités oiseuses qui ne peuvent que t’impatienter. Décidément je ne suis bonne qu’à t’aimer et Dieu sait que je m’en acquitte avec tout mon cœur.

BnF, Mss, NAF 16391, f. 97

Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette