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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 décembre [1836], dimanche, midi ¼

Bonjour, mon cher petit Toto. Je vous aime, là, je vous suis très fidèle, entendez-vous ?
Je viens de recevoir une lettre de Mme Guérard qui s’attend à avoir une loge pour lundi prochain, et cela avec un aplomb et une indiscrétion rare, qui ne peut cependant pas avoir un grand succès en cette circonstance.
Mon cher petit homme chéri, je suis toujours affligée quand je te vois t’inquiéter pour des choses qui n’existent pas. Je t’assure sur la vérité pure que je ne me souviens d’aucun des chiffres qui sont là, ni dans quel but ils ont été faits par moi, mais ce que [je] peux t’affirmer, c’est qu’il n’y a rien de coupable ni de caché au fond de cela. C’est que je t’aime, c’est que je te suis fidèle par pensée et en action. Ne te tourmente pas mon cher petit Toto. Bonjour.
J’ai passé une assez bonne nuit quoique je me sois endormie fort tard. Je vais me lever.
Je serai très gentille quand vous viendrez, vous verrez cela. En attendant je prends la liberté de vous aimer, de penser, penser à vous et de désirer vos caresses.
À bientôt mon Toto chéri, je vous aime de toutes mes forces et de toute mon âme. Votre pauvre triste Juju sera toujours ainsi.

BnF, Mss, NAF 16328, f. 205-206
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette


4 décembre [1836], dimanche soir, 4 h. ½

Pas encore venu, mon cher bien aimé, cependant je vous aime bien et j’aurais grand plaisir à vous le dire à vous-même.
J’ai travaillé comme un chien depuis que je suis levée. Aussi ai-je de beaux rideaux blancs à mes croisées. Il ne me manque plus que mon SALAIRE. Qui est-ce qui me paiera ?
Je commence à n’avoir plus beaucoup de confiance en vous d’abord. Vous êtes pour le moment un triste payeur D’ARRÉRAGE. Pour peu que cela continue, vous serez un vrai banqueroutier. C’est très inquiétant pour l’avenir quand comme moi on a eua l’imprudence de placer tous ses œufs dans le même panier. À tout hasard j’attendrai Mme Pierceau. Aujourd’hui elle n’est pas venue, de sorte que je suis toute seule avec la perspective d’une tronche à tronche avec mon poulet rôti.

10 h. ¼

Je reprends ma lettre, mon cher bien aimé, fort triste de voir quelle importance tu attaches a une chose qui m’est encore inconnue. Je donnerais tout au monde pour pouvoir te rejoindre d’une manière satisfaisante ce soir. Je te le disais bien, hier au soir, que je n’étais pas heureuse. Tout tourne contre moi. Cependant jamais [personne] n’eut une conduite plus simple et plus régulière avec plus d’amour que je n’en ai. C’est triste de penser qu’avec cela, je ne suis pas heureuse, car je ne peux pas l’être quand je te vois inquiet et soupçonneux. Je t’aime mon adoré.

BnF, Mss, NAF 16328, f. 207-208
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « on n’a eu ».

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