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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 novembre [1836], mardi, midi ¾

Bonjour, mon petit bien-aimé. Je suis bien bonne et bien repentante ce matin de toute ma méchanceté d’hier soir. Seulement je me sens fatiguée et courbaturée par l’affreux mal de tête que j’ai eu toute la nuit, mais qui s’est un dissipé ce matin.
Nous voici dans un fameux embarras. Mme Guérard vient d’envoyer chez moi pour me dire qu’elle acceptait la loge pour ce soir au Théâtre Français, et qu’elle s’était dégagée avec le Vaudeville. Comme je reposais je n’ai pas pu parler à sa femme de chambre, mais d’ailleurs je ne comprends pas qu’elle se soit crueª si sûre de son affaire après ce que toi et moi lui avons dit hier. Si tu venais assez tôt pour décider cette question d’une façon ou d’une autre, j’en profiterai pour te baiser depuis tes petits pieds jusqu’à tes imperceptibles mains.
J’ai envoyé chercher mon manteau. Il est ADMIRABLE ! Si vous veniez déjeuner ce serait charmant. Mais vous ne serez pas si bien avisé, il n’y a pas de danger. Donc je vais grignoter mon déjeuner toute seule, c’est bien amusant.
Allez vilain, je vous aime pour vous punir et je vous baise pour vous attraper.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 162-163
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « cru ».


22 novembre [1836], mardi soir, 5 h. ¼

Mon cher petit homme, vous me délaissez toujours. Ça n’est pas bien, surtout les jours où je suis pleine de patience et de résignation, vous devriez me récompenser pour m’encourager. Je ne pense pas que vous soyez sorti aujourd’hui, car il faut un temps effroyable.
Je suis très vexée de ce qui arrive avec Mme Guérard. Non pas pour moi, mais pour elle qui a eu l’étourderie de lâcher un vaudeville certain pour une comédie nébuleuse  ; ce n’est pas ta faute ni la mienne, mais ça ne lui en sera pas moins désagréable. Je vais lui écrire pour la consoler en lui promettant 3 premières loges à l’opéra [1].
Vous pouvez vous vanter d’être aimé de moi. Vous pouvez vous vanter de me prendre à vous tout seul toutes mes pensées, toutes mes actions et toute ma vie. Je ne trouverais pas cela exorbitant si en échange vous me donniez un peu de votre temps et beaucoup de votre amour, mais c’est qu’il n’en est rien, vous le savez bien. Aussi je rage quand je ne pleure pas.
Aujourd’hui je me retiens, je n’ose pas risquer ma pauvre tête tous les jours, elle finirait par y rester tout à fait, ce qui vous dispenserait de faire semblant de m’aimer un peu et c’est que je ne veux pas.

J.

BnF, Mss, NAF 16328, f. 164-165
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette


22 novembre [1836], mardi soir, 5 h. ½

Celle-ci (de lettre) est pour vous remplacer la méchante d’hier que vous aviez cependant bien mérité, convenez-en. Il faut même que je sois d’une fameuse pâte pour ne pas vous en écrire une ATROCE CE SOIR, mais je suis GÉNÉREUSE, MOI et je vais vous le prouver.
Je t’aime mon petit Toto chéri, je ne t’ai jamais plus aimé qu’à présent je suisa

BnF, Mss, NAF 16328, f. 166
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) Le reste de la lettre est complètement effacé.

Notes

[1La Esmeralda, opéra de Louise Bertin sur un livret de Victor Hugo, a été créé à l’Opéra le 14 novembre 1836.

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