19 octobre 1860

Guernesey, 19 octobre 1860, vendredi soir, 9 h.

Il est probable et je le désire de tout mon cœur, mon cher grand bien-aimé, que je n’aurai pas le temps de te finir ce gribouillis avant ton retour ici. Tu me demanderas pourquoi je ne l’ai pas commencé plus tôt et je serai bien embarrassée pour te répondre car je ne sais vraiment pas comment mes journées se passent ni ce que je fais des minutes et des heures. Tout ce que je sais c’est que je t’aime uniquement et que tu es ma pensée fixe et que je n’ai pas de plus grand bonheur, après celui d’être avec toi, que de te gribouiller tout ce qui me passe par le cœur et par la tête. Il n’est guère possible que tu puisses faire ton passus mile même le plus petit par cette tempête affreuse mais te voilà quel bonheur ! La suite au plus prochain numéro.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 274
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette