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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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2 octobre [1836], dimanche matin, 10 h. ¼

Bonjour mon cher petit trompeur. Je ne vous en veux pas à vous mais je m’en veux à moi qui ne saurais me passer de vous, à moi qui ne peux pas manger, si vous ne mangez pas avec moi, à moi qui ne saurais ni dormir, ni veiller, sans penser à vous et sans vous regretter.
Cette absence m’a d’autant plus attristée que je ne m’y attendais pas du tout. Ordinairement vous ne vous en allez que le dimanche. C’est bien mal à vous d’avoir changé votre jour ou plutôt c’est très bien car maintenant qu’il y a déjà un jour de passé, je suis presque sûre de te voir cette nuit tandis que si tu n’étais parti qu’aujourd’hui j’aurais encore jusqu’à demain à t’attendre et j’aime mieux la souffrance passée que celle à venir. Je suis sûre au moins de mon courage pour la première tandis que pour l’autre je ne suis jamais sûre que de toi.

BnF, Mss, NAF 16328, f. 5-6
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette


2 octobre [1836], dimanche soir, 5 h. ¼

Que je suis contente, que je suis gaie, que je suis heureuse, QUEL BONHEUR, je t’aime tant quand je suis triste, c’est-à-dire séparée de toi, mais il me semble que je t’aime encore plus quand je suis heureuse, c’est-à-dire quand je suis avec toi. Je t’aime. Il n’y pas d’autres mots pour dire cela, mais il y a mille manières de le sentir. Eh bien ! Moi, je les sens toutes et de toute mon âme. Pauvre petit ange, vous avez mal à l’œil, vous souffrez tandis que moi, je me porte bien. C’est injuste, car enfin moi je n’ai rien à faire d’intéressant, je suis une vieille BÊTE, tandis que vous, vous êtes mon amour et mon grand poète. Il est donc de toute injustice que vous souffriez.
À peine si j’y vois pour vous embrasser. Dans tous les cas le mal ne sera pas grand si je mets mes baisers dans votre oreille.

J

BnF, Mss, NAF 16328, f. 7-8
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

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