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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 12 août 1860, dimanche, midi ½

Cher bien-aimé, par complaisance pour Suzanne je me suis privée ce matin du doux bonheur de te griffouiller ma petite restitus matinale pour lui laisser le temps d’aller à la messe en finissant mes affaires plus tôt. Mais comme toujours, son esprit de contrariété l’a empêchée de profiter du loisir que je lui ai fait à cette intention. Le malheur n’est pas bien grand car je prends ma revanche à présent, mais cela me prouve une fois de plus que j’ai tort d’aller au devant des caprices biscornus de cette Ténéric de plus en plus piffe [1]. Autre guitare : je voudrais bien t’obéir mon cher adoré car je reconnais de plus en plus que tu as parfaitement et trop complètement raison en ce qui regarde les Préveraud ; mais j’ai beau faire tous mes efforts je ne peux pas parvenir à assembler deux idées qui aient le sens commun. J’ai beau harceler ma pauvre caboche, la fouiller et la trifouiller je ne trouve rien. Mon cœur a tout pris. Ce n’est pas de ma faute, mon pauvre adoré, il ne faut pas m’en vouloir pour cela et prendre ton parti de ma stupidité comme je m’y résigne moi-même. En attendant je t’aime de toutes mes forces, tel est mon style.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 212
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Contrepèterie (pic de Ténériffe > pif de Ténéric) inventé par Juliette et Hugo pour désigner la domestique Suzanne Blanchard, alcoolique, par son gros nez crevassé.

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