29 juillet 1880

Paris, 29 juillet [1880], jeudi midi

Cher grand bien-aimé, je t’avais écrit hier matin et j’avais placé, pour que tu ne confondes pas mon gribouillis avec les lettres que je te portais, dans le livre de recettes à l’endroit même où tu avais à écrire. Ma précaution n’a servi à rien, au contraire, car j’ai retrouvé ma pauvre restitus tout à l’heure à l’endroit même où je l’avais mise. C’est un mince malheur pour toi qui ne t’en es même pas aperçu, mais pour moi c’est une forte déception dont je me console en te gribouillant à nouveau toutes les tendresses délaissées hier. Telle je suis, attrapée ! Je vais te porter une lettre de Rothschild qui te donne avis qu’il a fait selon tes ordres le placement que tu avais commandé sur les fonds anglais, puis je te sourirai, je t’embrasserai à fonds de cœur qui n’ont pas cours à la bourse.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16401, f. 205
Transcription d’Emma Antraygues et Claire Josselin