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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 10 nov[embre] [18]72, dimanche, 8 h. du m[atin]

Mon cher adoré, je viens de saluer ton lever par une salve de baisers que tu as pu entendre et sentir passer pour peu que ton cœur ait été tourné vers moi à ce moment-là. J’espère que notre petite débauche de Gingember [1] d’hier soir ne t’aura pas empêché de dormir ? Quant à moi, je n’ai aucune raison de lui chercher noise pour mon insomnie de cette nuit puisque c’est presque toutes les nuits la même chose. Du reste, je n’ai pas lieu de me plaindre de la blancheur de celle-ci, de nuit, car je n’ai pas souffert du tout, ce qui m’a permis de ne penser qu’à ton ineffable et généreuse bonté envers tout le monde et plus particulièrement encore pour moi et pour ce brave petit Louis [2] qui t’aime, qui t’admire et te vénère autant que je le fais moi-même. Je ne sais pas jusqu’à quel point il pourra user de ta protection et de ton hospitalité mais ce dont je suis bien sûre, c’est que la seule pensée que tu t’occupes de lui le rendra si fier et si heureux qu’il en sentira la salutaire influence dans son esprit et dans sa santé autant que l’aurait pu faire le bienfait en action. Je t’en remercie, faute d’un mot plus énergique et mieux approprié à ma reconnaissance, pour moi et pour lui. Une chose qui s’ajoute encore à mon bonheur c’est la certitude que tu as dans cet honnête et modeste garçon un cœur dévoué à la vie et à la mort à toi et aux tiens. Je vais lui écrire tout à l’heure pour lui dire l’honneur que tu lui fais en t’intéressant à lui d’une façon si ineffablementa bonne et délicate. J’espère qu’il guérira rien qu’en le lisant. Quant à moi je te bénis et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 311
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Anglicisme pour « gingembre », « ginger » en anglais. Dans son carnet, Victor Hugo note à la date du 8 novembre 1872 : « Trois flacons de gingembre – 90 » et le 9 novembre 1872 : « Après le dîner, le soir, nous avons bu du gingembre. »

[2Louis Koch, neveu de Juliette Drouet. Lettres familiales, p. 326-327, lettre 152.

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