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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 19 oct[obre] [18]72, samedi, 6 h. ½ du m.

Il faut, mon cher bien-aimé, que ton apparition ait été aussi rapide que le coup de canon que tu as dû entendre au moment même où tu apparaissaisa et disparaissaisb comme un éclair. Le temps de tourner la tête pour prendre mon démêloir, le tour était fait. Méchant tour s’il en fut qui me rend toute penaude et toute triste. C’était bien la peine de me lever au tout petit jour pour arriver à… rien, rien, rien ! Une autre fois je laisserai ma tignasse devenir ce qu’elle pourra. En attendant, il me serait doux de passer ma rage sur quelqu’un ou sur quelque chose et surtout sur moi qui le mérite plus que personne pour ma stupide maladresse. Du reste il fait un vent à décoiffer tous les bœufs de la terre ce matin, ce qui paraît réjouir fort cette bonne mer qui en fait sauter les jupes par-dessus le phare sans souci de la pudeur et des pauvres marins qu’elle noie. Décidément, je ne suis pas gaie ce matin, tant pis, cela m’apprendra à mieux monter ma garde. Pour me venger je vais t’en aimer d’arrache cœur. Toto, prenez garde à vous !

BnF, Mss, NAF 16393, f. 290
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « apparraissais ».
b) « disparraissais ».

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