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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 28 sept[embre] [18]72, samedi matin, 6 h.

Bum [1] ! jour, mon cher bien-aimé, je constate avec joie que le temps est encore plus mauvais qu’hier, ce qui me donne bon espoir pour demain et pour après-demain. Tant que tes chers petits [2] seront ici auprès de toi je demande à Dieu d’accumuler tempête sur tempête de façon à retarder leur départ le plus longtemps possible. Jusqu’à présent mes vœux ont été assez bien exaucés. Cette nuit en particulier a été terrible, ce qui me réjouissait le cœur à travers mon sommeil. Pourvu que ce qui faisait ma joie ne t’ait pas empêché de dormir ? J’espère que non. Je n’ai pas encore ouvert ma porte pour voir si tu étais déjà levé afin de laisser le temps à mes pauvres servantes de faire leur grasse matinée. Je t’écris de mon lit où je suis venue me réfugier contre le froid et l’humidité car je n’allume jamais le feu de ma chambre le matin. Ce détail économique me fait penser à te dire que j’ai remis 100 F. il y a trois jours à Ambroisine, lesquels étaient déjà dépensés d’avance et qu’ila ne me reste plus rien ni pour elle ni pour moi. Que c’est aujourd’hui jour de marché et qu’il faudra payer les couverts à Lelâcheur. Tout cela implique pour toi l’ennuyeuseb nécessité d’aller à la Banque aujourd’hui. Je le regrette ; mais comme Peter [3], « je n’y peuxc pas que faire ». Ce que je fais volontairement sans marchander et avec connaissance de cause c’est de t’aimer, de t’admirer, de te vénérer et de t’adorer.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 267
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « quil ».
b) « l’ennueiuse ».
c) « peu ».

Notes

[1Juliette imite le bruit du canon tiré tous les matins depuis Castle Cornet.

[2Les petits-enfants de Victor Hugo, Georges et Jeanne, séjournèrent à Hauteville-House avec leur mère, Mme Charles du 10 août 1872 (arrivée de Juliette et de Victor Hugo) jusqu’au 1er octobre 1872.

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