Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1865 > Novembre > 19

Guernesey, 19 novembre, [18]65, dimanche matin, 8 h.

Je vois, mon pauvre bien aimé, que tu n’as pas mieux dormi que moi et je crains que ton œil ne s’en ressente et te fasse encore plus mal ce matin qu’hier au soir [1]. Cette pensée me tourmente et me fera trouvera le moment où je dois te voir encore plus long que d’habitude. Je te prierai dorénavant de me permettre d’envoyer savoir comment tu as passé la nuit chaque fois que je t’aurai quitté souffrant le soir. Cela te dérangera peu et me tranquillisera le plus souvent, je l’espère. En attendant, je pense que le mal dont tu souffres n’est qu’un coup d’air qu’un peu de repos et peut-être un bain de piedsb pris à propos feraient disparaître tout de suite. Quel regret pour moi de ne pouvoir pas te soigner et te servir à tous les instants de ta vie. Avec quelle sollicitude, avec quel amour et avec quel bonheur je veillerais à te préserver de tous les petits accidents dus à ton travail et à l’isolement qu’il t’impose. Il me semble que moi, présente, tu ne t’en apercevrais pas et je suis sûre que je ferais si bonne garde autour de toi que j’empêcherais toutes les mauvaises influences de t’approcher. Au lieu de cela il faut que je ronge mon inaction seule dans mon coin pendant que de ton côté tu travailles jusqu’à oublier le soin de ta santé. Tout cela n’est pas gai, aussi n’ai-je pas le plus petit mot pour rire ce matin. Cher adoré bien aimé, soigne-toi, je t’en supplie. Prends un bain de piedsb tout de suite. Il n’y a rien de plus indiqué pour les affections accidentelles des yeux. Pense à moi. Tranquillise-moi. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16386, f. 180
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette

a) « trouvé ».
b) « pied ».

Notes

[1Victor Hugo souffre d’une ophtalmie. Il écrira à son fils, François-Victor Hugo, dans sa lettre du 19 décembre prochain : « J’ai eu le mois dernier une petite ophtalmie, à la vérité très aiguë. La voilà maintenant dans tous les journaux, et ce bobo devient un événement européen. Victor Hugo aveugle, un œil sévère fermé à jamais, cela plaisait aux hontes du temps présent. »

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne