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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 novembre [1835], samedi soir, 8 h. 20 m.

J’ai beaucoup souffert, mon pauvre ange, et je souffre encore beaucoup. Je te prie de te le rappeler en lisant ma lettre dans le cas où elle serait empreinte d’un sentiment de tristesse plus fort que ma volonté.
Cher petit homme, je ne veux pas récriminer sur ce qui s’est passé depuis tantôt. J’accorde que j’ai tous les torts, pourvu que cette concessiona me donne ton amour. J’ai beaucoup souffert, autant que je souffre d’ailleurs chaque fois que tu es soupçonneux et injuste envers moi. Ton injustice cette fois-ci arrivait dans un moment où j’avais le cœur sur les lèvres et l’amour dans les yeux. J’ai le malheur de regretter avec trop de vivacité les bonnes occasions de tendresse et d’épanchements perdues. C’est ce qui a été cause de mon désespoir, que tu ne t’expliquais pas parce que tu ne m’aimes pas autant que je t’aime, parce que tu ne fais pas dépendre ton bonheur et ta vie d’un moment et d’une parole. Au reste, je reconnais que j’ai eu tortb. Je t’en demande pardon. Je ferai en sorte d’émousser ma sensibilité de manière à ce qu’elle ne nous joue plus de ces tours-là. Et puis je te promets et je t’assure que je n’ai rien eu cette nuit d’extraordinaire, sinonc mon bobo et que je n’ai pas pleuré du tout et que je t’ai aimé comme je t’aime, c’est-à-dire beaucoup.

J.

BnF, Mss, NAF 16325, f. 160-161
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « cette concessions ».
b) « j’ai eu tord ».
c) « si non ».

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