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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Bordeaux, 24 février [18]71, vendredi, 4 h. du soir.

Tu es triste, mon pauvre grand bien-aimé, je le sens malgré tous les efforts que tu fais pour me le cacher. Je donnerais tout au monde pour que cette bête de situation entre ton Charles et toi cesse. Si cela dépendait de moi, il y a longtemps que ce nuage noir qui pèse sur toi et sur lui se serait dissipé, en supposant qu’il eût jamais pu exister. Malheureusement, loin de pouvoir servir de trait d’union entre vous deux, j’ai l’humiliation et le chagrin d’être souvent le prétexte de ces vivacités injustes pour toi. Cette pensée me tourmente au point de me faire prendre la résolution de m’en aller loin de ton groupe. Afin de forcer ta famille à te donner le bonheur que je ne peux pas te donner, quelle que soit l’intensité de mon amour, de voir Petit Georges et Petite Jeanne à toutes les minutes de la journée. Si j’étais sûr que ce sacrifice, le plus grand que je puisse faire en ce monde, pût servir à te rendre la vie de famille à laquelle tu tiens avec raison, je suis prête à le faire. Dis un mot et demain, je serai partie en t’adorant et en te bénissant. Ce post-scriptum est écrit ici par erreur. Je prie mon neveu de te faire parvenir ce billet, je pense que tu habites encore la rue du Boulay, 18.

BnF, Mss, NAF 16392, f. 8
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

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