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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 15 octobre [18]68, jeudi soir, 5 h. ¼

Je t’aime, mon grand bien-aimé, c’est ce que je peux te dire de mieux et aussi de pire, car c’est alternativement le bonheur et le malheur de ma vie selon qu’il te plaît de me faire un nimbe de mon amour ou une couronne d’épines. Je t’aime dans le sourire et dans les larmes. Je t’aime, je t’aime. Je crois que nous sommes encore sous la pernicieuse influence de notre treizième année à Guernesey. Dès qu’elle aura disparu de notre horizon, cette douloureuse treizième année, j’espère qu’aucun triste malentendu comme celui d’hier ne viendra troubler la paix de nos cœurs et bouleverser la sérénité de notre vie [1]. Nous avons encore quinze jours avant d’être délivrés de cette redoutable et fatidique année. Employons-les, toi et moi, à nous aimer encore plus ardemment et plus saintement si c’est possible. En attendant, sois le bien revenu ce soir chez moi. Que plus rien de pénible ne reste entre nous. Rapprochons encore plus près nos deux âmes afin que rien de mauvais ne puisse se glisser entre elles et donnons-nous le baiser de paix, de pardon, d’amour et d’adoration.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 283
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Blewer]

Notes

[1« « Tristesse. Incident », note Victor Hugo dans son carnet, le 14 octobre. Le 31, Hugo fera écho à la réflexion de l’épistolière : « dernier jour de la treizième année de notre arrivée à Guernesey. Cette année 13 a été sombre. » (Evelyn Blewer, édition citée, p. 312).

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